En Afrique, les choses ont beaucoup évolué dans le domaine des TIC et il est désormais possible plus que par le passé, de faire du e-business. Malheureusement, il y a encore trop peu d’entreprises dans le domaine. Voici un panorama de ce qui a évolué et de ce qui est possible pour des petits promoteurs.En 2000, la plupart des pays africains connaissaient à peine un décollage d’Internet. Les prix étaient exorbitants, les espaces où cela était possible réduits et les usages extrêmement réservés à la consultation des boites mails, à la drague sur Internet, à la visite des sites pornographiques et quelquefois, à la recherche sur google et sur ce qui s’appelait Altavista. A l’époque alors, il n’existait presqu’aucun e-business dans la quasi-totalité des pays d’Afrique francophone.
De 1999 à 2000, le seul vrai business d’Internet est de voyager. Des jeunes filles trouvent alors facilement quelques éperdus amoureux qui eux-mêmes sont dans la découverte et qui paient sans trop réfléchir billets d’avions et visas pour faire venir chez eux en Europe et en Amérique leurs dulcinées. Les jeunes hommes se spécialisent surtout dans les démarches sportives et réussissent à rejoindre divers clubs de football et autres en Europe. Enfin, les étudiants s’organisent pour s’inscrire à l’Etranger et donc, le dénominateur commun à tout ce business c’est le voyage.
Entre 2000 et 2005, dans plusieurs pays, les « cyber-cafés » se libéralisent et se développent. Des grands points de concentration se mettent en place et le nombre de particuliers qui ont internet à la maison commence à décoller. Un second gros business émerge. C’est celui du marketing viral qui va toucher deux grands secteurs : la VOIP et les produits cosmétiques et électroniques. En réalité, le marketing viral s’était déjà développé dès la moitié des années 90 dans plusieurs pays d’Afrique, mais sous une forme physique. Avec le développement d’Internet, quelques simplifications vont voir le jour qui permettent à celui-ci d’avoir le vent en poupe, même si le succès ne sera qu’éphémère, les promesses étant bien plus grosses que les réalités. Quant à la VOIP, elle se développera dans bien des pays pour deux raisons : les coûts élevés de communication téléphonique à l’Etranger et le flux d’immigration important connu dans certains pays.
A partir de 2004-2005, c’est la démocratisation généralisée d’Internet. Dans certains pays, même si plusieurs « cyber-cafés » historiques ont fermé, l’accès à Internet est de plus en plus facilité. Plusieurs structures se mettent à avoir elles-mêmes leurs propres sites web, les journaux mettent en place des versions online, des portails d’informations se développent et finalement, des services web nouveaux commencent à se présenter On voit par exemple apparaître les premières vraies tentatives de boutiques online, le nombre de traducteurs qui proposent leurs services online quant à lui explose, les agences web commencent à se multiplier, les opportunités d’affaires par Skype se développent, bref, Internet commence véritablement à prendre place dans la problématique de l’entreprise en Afrique
Entre 2005 et 2008, le e-business se développe de manière plus qu’effective. Notamment dans le secteur bancaire où la monétique prend de plus en plus forme elle-même. La plupart des banques alors sont à la course des services online. Le développement de la période 2004-2005 lui-même prend de plus en plus forme. Des groupes de discussions solides finissent même par exister, les utilisations d’EBay se font plus régulières et Facebook prend place dans la vie des Africains.
Depuis 2009, le développement d’Internet s’est complètement transformé pour offrir aux Africains les moyens de développer de véritables business online grâce à un contexte complètement changé.Dans la plupart des pays, les entreprises ont une connexion internet accessible aux employés. Des institutions spécialisés offrent également Internet (universités, agences de coopérations, etc).
- La connexion Internet privée est beaucoup plus accessible dans les grandes villes grâce à l’ADSL, à la fibre optique et à la 3G qu’offre la plupart des opérateurs de téléphonie mobile
- Le système monétique s’est considérablement amélioré et désormais, la plupart des banques offrent des cartes de paiement utilisable dans la plupart des sites à travers le monde
- L’offre en contenu web est globalement beaucoup plus développé et Google a développé une politique très stratégique de positionnement dans plusieurs pays, offrant une opportunité d’affaires unique.
- L’accès aux services internationaux de vente (ebay, amazon, etc), de paiement (paypal, etc), cartes bancaires) et de promotion (google, facebook, etc) est désormais complètement accessible.
Les smartphones et toutes les opportunités qu’ils offrent sont complètement présents sur le marché africain (tablettes, smartphones, etc ; sous IOS, blackberry OS, Android, etc.)
Comment tout ceci est utilisable pour le développement du e-business. C’est ce que nous allons voir dans le prochain article. 2012 me semble en effet être le bon timing pour se lancer dans des défis d’une autre génération.
4 Comments
Le gros problème du ebusiness en afrique reste selon moi le problème du paiement en ligne! certes il existe des cartes visa prépayées ( rechargeables), il existe également les paiements par téléphone mobile ( MTN mobile money, orange money)…les virements bancaires sont également possibles mais le E-Business ne se développera que lorsque le taux de bancarisation sera élevé en afrique. Le paiement online idéal est celui qui se fait par carte bancaire! c’est rapide, c’est simple et çà permet de ne pas se déplacer!
si je fais un achat en ligne c’est justement pour éviter de me déplacer. or on constate ( notamment en côte d’ivoire) qu’il y a beaucoup d’initiatives qui vont dans le sens des cartes prépayées, cela suppose de se déplacer dans des agences, des points de vente pour “ouvrir” un compte virtuel, y déposer une certaine somme, récupérer la carte rechargée, rentrer chez soi pour enfin faire son achat!
l’année 2011 a vu arriver sur le marché ivoirien un opérateur de paiement en ligne dénommé CELPAID. leur fonctionnement est identique à celui décrit précédemment: il faut que le client se rende dans une des agences CELPAID pour ouvrir un compte virtuel…pour débuter son activité, CELPAID s’est attaqué au paiement en ligne des frais d’inscription des écoles ivoiriennes ( primaire, lycée, collège). Le premier constat est édifiant : beaucoup de difficultés à faire rentrer ce système dans les habitudes des ivoiriens, mais le pire c’est qu’on s’est rendu compte que beaucoup d’ivoiriens ne savaient pas comment utiliser internet, beaucoup d’autres avaient des difficultés à se payer une connexion d’une demi-heure dans un cyber café pour faire l’inscription…développer le e-commerce nécessite de penser également à développer l’accès à internet…peu d’internautes alors peu de clients potentiels pour votre e-commerce…mais c’est un autre débat…
à mon humble avis, Il faudrait vulgariser l’utilisation d’un compte bancaire et des cartes visa, c’est à ce prix là qu’on réussira à faire facilement des affaires sur le net.
j’attends avec impatience ton prochain article sur le sujet!
Maelys
Salut Maelys,
C’est vrai que le problème de paiement a été longtemps un blocage. Mais il me semble qu’aujourd’hui, c’est le problème le moins grave. En effet, des solutions existent qui se développent de plus en plus. Et pour 2012, mon constat est que la configuration va être fondamentalement différente. J’ai en effet noté que de nouvelles solutions ont été testés par plusieurs banques et opérateurs de téléphonie dans une vingtaine de pays au moins au courant de l’année 2011.
Je ne compte pas sur une révolution soudaine. Mais il y a au moins de meilleures opportunités et les gens ont commencé à se positionner. Dans le troisième article de la série, je compte aborder certaines de ces expériences de business online qui ont marché en Afrique et qui ont plus ou moins trouvé des solutions pour régler la question des paiements, la solution des paiements online n’ayant pas été la seule explorée d’ailleurs.
A mon avis, le plus grand défi pour le business sur internet en Afrique pour les prochaines années, c’est plus celui de la confiance envers ce mode opératoire d’affaires. Les clients ont peur de se faire avoir…les vendeurs peur de se faire doubler…Les modes de paiements sont mieux structurés…mais le système d’échange lui est loin d’inspirer confiance : Comment être sûr d’obtenir exactement ce qu’on a commandé ? La poste fonctionne mal pour jouer les arbitres…et l’informel protège encore quelques entrepreneurs mal inspirés ou de mauvaise foi…
Il va falloir trouver le moyen de créer cette confiance.
Ceci passe à mon avis par une meilleure implication de nos systèmes juridiques sur les business sur Internet en vue de protéger les consommateurs et par imaginer des solutions de livraison qui rassurent le client et créent des obligations aux deux parties.
En attendant, on peut toujours s’inspirer des exemples qui ont marchés déjà en Afrique. Ce sera l’objet du troisième article sur la série.
Salutations
Tous les flux d’argent que va générer le E-commerce dans les 5 prochaines années en Afrique va nécessairement attirer des appétits coupables de certains hackers en mal d’amusement.. il serait donc important que nous n’oublions pas la place importante qui revient aux entreprises de sécurité informatique
Et ,il serait sans doute plus rassurant si ces entreprises sont africaines. Ceci, compte tenu de la spécificité (nos mœurs, nos cultures,nos visions de développement,notre idée de la fraternité…) que va entrainer la configuration des entreprises africaines du e-business.
On n’en trouve malheureusement très peu à l’heure actuelle dans nos pays africains en dehors de l’Afrique du sud.
Autre préoccupation.Je me demande bien si les sites internet construit par les développeurs africains pourront résister aux attaques pirates. Des attaques qui, s’ils s’avéraient fructueuses vont porter un coup considérable sur l’État d’esprit du e-consommateur africain qui a, comme on sait , une certaine méfiance sur tout ce qui est nouveau.
je crois qu’une urgence de saisir la question dans sa globalité en tenant comme des articulations naturelles de ce e-business s’impose et que la réflexion qui est amorcé sur ce blog s’engage ou se poursuive dans les universités et puisent se diluer par la suite au sain d’une classe d’entrepreneurs africains éprise des choses simples et concrètes.
Salut Alain,
Les préoccupations de spécificité et de sécurité que tu soulèves sont importantes. Je pense que le web “africain” se cherche encore. (je pense de l’expérience que j’ai qu’il existe un web universel, mais aussi un web contextuel). Mais les marques commencent à se clarifier et je pense qu’à partir de l’année 2012, on va ressentir une vraie différence pour les raisons liées à ce que le taux de connectivité devrait exploser en 2012 si je m’en tiens aux projets qui sont en cours depuis quelques années.
La question de la sécurité n’est pas peu banale. Au contraire, elle devrait donner à réfléchir très sérieusement. Les solutions bancaires online tentent comme pionnières de mettre l’accent sur la sécurité, mais pour la plupart, elles paient fort des experts qui viennent de loin pour avoir les meilleures options possibles.
L’une des solutions est peut-être dans nos universités. La sécurité informatique doit être au cœur de l’informatique dans nos polytechniques…Mais c’est même plus globalement la passion de l’entrepreunariat informatique qui doit aller investir nos polytechniques.
Très de business en ligne que je connais en Afrique (en dehors des business spécialisés comme les logiciels) sont les fruits d’informaticiens…Peu intègrent même comme associés des informaticiens de qualité. Ceci est une faiblesse qu’il faut résoudre à partir de nos polytecniques également.
Mais crois moi, l’e-business sera sur la scène entrepreunariale en Afrique de manière significative. Ca ne fait que commencer.
Paul Armand