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Pourquoi avons-nous si souvent des problèmes avec le personnel de maison d’appui domestique ?

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J’avoue que je n’avais jamais compris le problème jusqu’à ce que je le vive. Comment était-il possible d’utiliser autant de femmes de ménages, de vigiles, bref de personnel de maison…trouvant tous les jours des choses qui ne vont pas. Pourquoi les gens se retrouvent-ils ainsi à renvoyer et à renouveler le personnel d’appui domestique avec une telle régularité ? Pourquoi il y a toujours la petite anecdote qui fait que ça ne passe pas bien avec le personnel de maison et qu’on est « obligé » de s’en séparer ?

 « Ils sont terribles. Au début, ils sont gentils, font bien leur boulot, sont serviables et tout. Puis petit à petit, ils se métamorphosent. La « bonne » finit par devenir odieuse, te faire de la concurrence, te piquer ton mari, ou elle se prend la tête, bref, elle commence à t’apporter des problèmes et à un moment, tu es obligé d’arrêter ». J’ai déjà évoqué certaines de ces plaintes dans un autre article.

Vous n’êtes pas étranger à cette explication si vous avez déjà eu une femme de ménage ou si vous connaissez quelqu’un qui en a déjà eu. Mais dépassons ce qui se dit tous les jours et commençons par poser les problèmes là où ils se trouvent.

Personnel de maison : Les raisons des rates

Premièrement, les personnels d’appui domestique sont un personnel comme les autres. Il s’agit d’un métier…qui n’est pas plus sot que celui que vous faites tous les jours. Et malheureusement, le vocabulaire que nous attachons à ce travail est le premier facteur de difficultés dans la gestion de ce personnel. « Boys ou bonnes », « gardien », « femme de ménage », etc. Tous ces vocables ont pris sous nos cieux une connotation négative à telle enseigne que la première relation qui s’établit avec ce type de personnel est d’emblée une relation négative.

Avant même d’avoir recruté le « boy », nous avons déjà mis en place les schémas relationnels qui vont assassiner la relation de travail : la dévaluation de l’autre. Parce que le rapport qui s’établit avec ce personnel n’est pas un rapport de type patron-employé encadré par une norme, mais il s’agit d’un rapport personne supérieur à personne inférieure.

Techniquement, le personnel dit domestique entre dans la grande catégorie des techniciens de surface. Il s’agit en réalité d’un personnel d’appui. C’est-à-dire de personnes qui AIDENT dans un certain nombre de tâches. Leur aide n’est pas quelque chose qu’on peut évacuer comme ça…Elle a de la valeur et mérite que la relation de travail se structure autour de cette dimension « appui ». Il ne s’agit pas d’une personne inférieur, d’une personne qui a des problèmes, etc. Elle a juste autant de problèmes que vous, à des niveaux différents.

C’est juste une personne égale qui fait un travail que vous ne faites pas par manque de temps ou autre chose. Lorsque la relation cesse d’être celle d’un employeur qui paie quelqu’un pour faire quelque chose qu’il ne peut pas faire pour une raison ou pour une autre, on entre dans le règne de la confusion et de l’arbitraire.

Deuxièmement, notre fausse perception du travail du personnel de maison a une incidence forte dans la manière avec laquelle nous gérons ce personnel…Dans bien des cas, il n’est pas géré comme un personnel. En fait, il s’établit vite des relations construites sous le prisme de sous personnes à qui on fait une faveur…et non pas sous le prisme d’un personnel qui travaille sur la base d’un cahier de charges.

Cette configuration entraîne donc des canevas de travail qui n’ont aucun cadre. Pas de cahier de charges clair, pas d’obligations réciproques. Rien n’encadre l’employeur et rien n’encadre l’employé. Aucune logique carrée et cadrée n’existe sinon celle des affects, des humeurs, du subjectif. Tout est ponctuel et factuel et entraîne chez ce personnel de maison un ensemble de réponses ponctuelles et factuelles. Donc rien de stable. Il est pourtant nécessaire que des cadres même peu élaborés soient clairement définis. Et idéalement qu’un contrat précis soit envisagé qui permet de lier DEUX parties en lieu et place de ce binôme supérieur-inférieur non encadré.

Enfin, notre fausse perception du métier de personnel d’appui entraîne le développement de nouvelles formes de relations qui sont tout, sauf professionnelles. Elles prennent vite par exemple la route des relations sociales qui déstructurent la problématique de travail dans l’esprit de ce type de personnel. Des espaces de non droit se créent qui sont souvent positifs…et qui très vite se structurent sur leurs pôles négatifs. Ce sera des faveurs…des libertés, des non restrictions…qui vont vite devenir abus, dépassements et appropriations difficiles à contrôler.

Ce qui est pourtant fondamental, c’est que l’environnement de travail ne dépasse pas les bornes du travail. Et que les espaces de droits soient définis qui éliminent les faveurs tout en faisant de la place aux problèmes des gens.

Pourquoi avons des problèmes avec nos personnels d’appui domestique ? Parce qu’on est passé à côté de la plaque sur leur travail. Il serait de bon ton de régler cela.

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Paul Armand

Paul Armand

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  • Bonjour,

    J’aime bien cet article qui soulève une réelle problématique entre le personnel d’appui domestique et leur employeurs.

    ça fait 5 ans que j’utilise ce personnel et j’ai dû en changé au moins une quinzaine ; à regret parfois parce qu’en plus c’est éprouvant de devoir dire non à quelqu’un, surtout quand cela contribue à son gagne pain.

    Sous d’autres cieux, c’est un boulot bien encadrée, tel n’est pas le cas partout. Ici (où je vis) c’est un métier que la majorité embrasse pour fuir l’oisiveté et non par compétence, ou encore par expérience. Et c’est là où commence la majorité des soucis avec ce personnel en manque de qualifications.

    Je vais rapidement partager mon expérience. J’ai commencé par employé une dame d’un certain age, qui me parlait comme si j’étais sa fille et cela m’embêtait vraiment. Je ne l’ai pas viré, elle est parti d’elle même. Raison ? Inconnue. Ensuite j’ai pris une jeune, elle avait un langage ordurier qui m’inquiétait vraiment. Et ne faisait pas toujours comme je lui disais. Je l’ai viré. Une autre jeune encore ; au bout de 6 mois elle était enceinte. Je l’aimais beaucoup, la meilleure de toutes. Elle était douce et je pouvais compter sur elle. J’ai du m’en séparer. Une autre jeune encore oh là là, elle c’était carrément ma rival, elle se comparait carrément à moi 😆 elle était tellement sexy dans ma maison qu’une de mes amies de passage chez moi ; choquée est allée lui acheter une blouse pour le travail. 😆 Si elle faisait au moins bien son boulot, je l’aurais gardé. Et puis je suis tombée sur des séries d’anciennes commerçantes qui viennent travailler au pair chez toi, économiser au max et après 6 mois, elles disparaissent sans laisser de nouvelles.

    Ce personnel, je l’ai recruté à travers des entreprises spécialisées pour la mise à disposition du personnel… Mais malheureusement la compétence de ce personnel est vraiment nulle pour la plupart. Tu es obligée de les former à ta mesure et quand au bout de 3 mois tu y arrives, elles s’en vont en prétextant une maladie et autre. Là je suis retournée chez des dames d’un certain age. Ce n’est jamais comme on veut, mais bon, j’ai connu pire. Elle est au moins courtoise et j’y tiens.

    Reply
    • En un commentaire, tu as raconté les histoires de presque tous les employeurs (et peut-être surtout toutes les employeuses) du personnel de maison.
      La pertinence des faits décris m’impose de revenir sur un autre article sur le sujet afin d’y aborder point par point des questions qui me semblent essentielles dans cette problématique.
      Merci pour ton lumineux passage.

      Reply
  • Je dois avouer que cet article est un chef-d’oeuvre en la matière! D’ une part, il traite d’un sujet qu’on a souvent tôt fait de passer sous silence dans nos potins de la cité et d’autre part, l’ argumentaire (développé avec impartialité) engage aussi bien la responsabilité de l’employeur que de l’employé(e). Ce que l’on a souvent coutume d’entendre est que l’employé(e) fait mal son job et l’employeur a souvent tout essayé pour y remédier. J’aimerais bien qu’on recueille les témoignages de quelques unes de ces personnes qui travaillent ou ont travaillé comme personnel d’appui chez des tiers.

    Reply
  • Je découvre par hasard votre article qui date un peu pour recevoir un commentaire néanmoins, je poste tout de même.
    Vous creusez un sujet auquel je suis plus que attachée. Je suis en effet moi même femme de ménage c’est ainsi que l’on dit en France, pour nommer les personnels d’appui domestique. Vous soulevez dans un premier temps l’inadaptation du vocabulaire attaché à ce travail comme le premier facteur de difficultés dans la gestion de ce personnel. « Boys ou bonnes », « gardien », « femme de ménage »

    Ensuite vous appuyez avec raison cette phrase :
    C’est-à-dire de personnes qui AIDENT dans un certain nombre de tâches. La il y a une véritable distorsion entre le niveau d’implication de ce personnel et celui de son salaire, quand il en a.

    Le problème du manque de cadre qui régirait les deux parties, semble faire défaut dans votre région. En France d’où je poste, ce cadre existe bel et bien, et pourtant les mêmes problèmes surgissent.

    Que dire de la promiscuité qui joue son rôles si divers quand ce n’est des tours que je ne citerai pas, puisque si bien repris dans les excellents commentaires.

    Enfin de la fausse perception du travail du personnel, rien sinon la nommer de mon parti pris :
    Elle demeure ni plus l’instauration d’un rapport historiquement, culturelle, et hautement de soumission. On pourrait aller jusqu’à structurellement, mais enfin !

    Dans votre région, vous nommez cette “condition” encore de mon partit pris, “personnel d’appui domestique”. C’est curieux, mais par rapport à la France c’est une avancée considérable. Vous ouvrez la en tout cas une réflexion qui mériterait d’être reprise affaire à suivre ?

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