La plupart des promoteurs d’entreprises qui lancent un business ont un rapport particulier avec le temps. Il y a une dimension “objectivée” et une dimension “sublimée”. C’est dans l’équilibre entre ces deux dimensions que se trouvent souvent les clés de la patiente stratégique, celle qui permet de réussir. Essayons de clarifier tout ceci.
J’appelle “temps objectivée”, la conscience du temps qui nait de facteurs objectifs. Par exemple, une étude financière bien construite permet de dégager un seuil de rentabilité et un délai à partir duquel une affaire rapporte effectivement. C’est un élément objectif. Il prend en compte plusieurs paramètres et permet donc sur la base de tous ces paramètres, de voir, comprendre comment dépenses et rentrées se répartissent pour atteindre un seuil où une marge saine se dégage pour le promoteur de l’entreprise. Cette perspective du temps est donc le fruit d’un construct technique.
Mais ” le temps objectivée” peut naitre également d’éléments non techniques, et qui peuvent simplement être empiriques. Par exemple, la taille d’un marché, le comportement du même type d’affaires dans le même type d’environnements, tous ces éléments peuvent permettre de fixer dans l’esprit un temps de rentabilité qui se veut une certaine cohérence, qui se veut une certaine objectivité.
Bien évidemment les techniciens contesteront aux empiriques leurs estimations du temps, mais les deux ont en commun des délais construits sur la base de quelque chose d’externe à l’individu.
J’appelle temps “temps sublimée”, la conscience du temps qui nait de sa propre projection du succès de l’entreprise. En général, quand un jeune qui n’a pas de réflexes techniques (et même bien souvent chez ceux qui ont ces réflexes) lance une entreprise, il a ce qu’on va appeler ‘l’optimisme temporel”. Il s’agit d’une vision rosée du déroulement de l’affaire dont le caractère “subjectif” lui échappe. Les arguments qui encadrent cette perception du temps ne sont pas fondamentalement liées à l’affaire, mais à la perception que le promoteur a du déroulement de l’affaire.
Les promoteurs qui s’inscrivent dans l’unilatérité du “temps objectivé” sont rigoureux. Ils vous parlent plans d’affaires, planification, et font beaucoup référence à la théorie. Très souvent ils sont inflexibles et ont du mal à adapter leur perception aux modifications des circonstances. Les promoteurs qui s’inscrivent dans l’unilatéralité du “temps sublimé” sont enthousiastes, très souvent volubiles. Il sont capables de vous démontrer que dans trois jours, leur affaire fera d’eux des millionnaires et vous trouveront rabat-joie, sans vision, si vous avez le moindre doute. Aux questions techniques, ils vous donneront généralement des réponses philosophiques.
Comme toujours, l’idéal est dans le juste milieu. On doit pouvoir laisser une affaire vivre et montrer ce qu’elle a dans le ventre. Mais en même temps, des éléments de planification rigoureux, fondés sur l’empirique ou le technique sont de bons encadrements. C’est cette parfaite cohésion entre l’objectif et le sublimé qui permet d’être à l’affût, d’avoir la maniabilité nécessaire, mais aussi de pouvoir rester sur le temps sans avoir envie de baisser les bras.
alors
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Salut,
C’est même d’ailleurs pourquoi beaucoup d’entreprises au Cameroun se cassent le visage; ils leur manque un plan d’affaire sur du moyen et long terme. Ils sont volubiles, au début ça marche et même bien, mais après c’est du bâclage, ils ne savent plus où ils vont; ils sont désormais “riches” l’objectif (caché) parfois du départ…
Tu as tout à fait raison.
Merci pour ta visite sur mon blog.
Paul Armand
Souvent un bon “plan d’affaires” découle sur 80% de réalisation des projections. Après, il y a l’effet “boule de neige” qui s’estompe et c’est ce virage-là qui est difficile à négocier surtout quand il est mal interprêté. Il faut surtout beaucoup d’attention et de l’innovation quelque fois pour se maintenir et se défaire des illusions. Mais tout se fera avec des délais qui seront déterminés dans un “plan de développementé”. Ce dernier peut être prématuré selon la nature et le niveau d’évolution du domaine d’activité.
Très très belle analyse Tyty,
80%, c’est quand même optimiste. Moi je parlerais plutôt de 60 à 70 % de réalisation. Mais pour le reste, ton analyse est non seulement d’une grande pertinence, mais aussi d’une grande justesse. Il faut d’abord arriver à un plan d’affaires véritable (et ton “vrai” a toute sa valeur ici. Lorsqu’on arrive à finir le premier cycle (élaboration et mise en œuvre plan d’affaires), la prochaine étape est souvent un tournant peu évident. On a entre les mains le présent et le succès…qu’est ce qu’il faut en faire, en général, on ne s’est pas stratégiquement préparé à cela. Et donc, le risque de mauvais choix est immense. Mais lorsque l’on se pose dans un cadre bien organisé qui intègre l’histoire qu’on vient de vivre avec la prise en compte des acquis, mais aussi des faiblesses, on se donne la chance d’aborder le temps (le présent le futur) autrement.
Merci pour ta très belle contribution.